vendredi 20 novembre 2009

He's back for good


Boys Noize a.k.a Alex Ridha est de retour.
Rien à dire sur l'album, il a fait ce qu'on attendait de lui, à savoir nous permettre d'être torchés sans alcool.
Bien entendu, les remixes affluent. Le plus marquant est sans aucun doute celui de Jeffer par Para One.
Para One, c'est un peu le Rastignac de l'électro: venu d'Orléans, au fin fond de la Belgique Wallone, il s'est fait prendre sous l'aile de TTC, qui cherchait justement un nouveau poulain après le retrait de Fuzzati. Et c'est parti pour six ans de Dans le Club, de Musclor...jusqu'au jour où notre petit Rubempré décide de dire un bon gros merde à Tekilatex pour montrer ce qu'il a dans le bide.
Et on en redemande! Et je lance un avis à la cantonnade: Teki, arrête de pourrir les petits jeunes prometteurs et un peu crédules qui débarquent. Tu ne voudrais quand même pas qu'on te traite de pédophile incapable d'attendre la maturité de ses beaux éphèbes? Ton son est top, mais par pitié, ne le tatoue pas sur chacun de tes espoirs, sinon ça ne part plus...


mercredi 11 novembre 2009

Pink Floyd : Psychédélisme VS Rock Progressif



D’un côté The Piper At The Gates Of Dawn. De L’autre Atom Heart Mother. Toute la schizophrénie de Pink Floyd peut se résumer ainsi. Le génie à l’inspiration aussi géniale que succincte se nomme Syd Barrett ; le technicien c’est Roger Waters.

La belle histoire commence avec un premier album dopé au LSD. Des contes de fée hallucinatoires et des rêves sous acide se marient miraculeusement avec une écriture pop façon année 60. Et puis il y a Interstellar Overdrive, la pierre angulaire du rock psychédélique. Après une intro faite d’accords de guitare classiques, le morceau part dans tous les sens. Tous nos repères sensoriels disparaissent. La musique se déstructure et devient dissonante. Jamais les effets hallucinogènes de la drogue n’avaient été aussi bien retranscrits. On a même droit à la redescente, le retour à la normale avec un rappel de l’intro à la fin du morceau. Aussi bizarre que prodigieux.

Puis Syd Barrett sombre dans la maladie mentale pour de bon. Le groupe doit se réinventer sans lui. Place au rock progressif. Cette fois la musique ne se déstructure plus mais se construit à coup de solos et bruits en tout genre. Le groupe inverse ainsi son plan musical et s’ouvre à un public plus large. Des morceaux comme Atom Heart Mother ou Echoes témoignent de cette révolution. Des morceaux de près de 20 minutes au cours desquels jamais l’auditeur ne s’ennuie.

La magie de Pink Floyd s’incarne dans cette tension palpable. Elle se dilue trop vite dès lors que le groupe se noie dans la paranoïa et la mégalomanie. The Wall nous l’a prouvé.



Quand Madchester vibrait au son des roses en pierre


Madchester : ses prolétaires, ses raves mais surtout sa scène électro… Et le romantisme dans tout ça ? Le Mersey ne prodigue alors plus de merveilles pop depuis bien longtemps. Trop longtemps. La jeunesse ne rêve plus ; elle préfère oublier son quotidien morose à coup de pilules d’ecstasy.

Et voilà que surgit dans les quartiers ternes de Manchester une lueur d’espoir. La pop serait de retour et cette fois sans le moindre apprêt électronique. Les Stone Roses surprennent. À tel point que leur premier album sera désigné meilleur premier album de tous les temps par le NME. Mais surtout la jeunesse voit enfin se dessiner un avenir, une fierté. Celle de porter à nouveau le flambeau d’une musique euphorisante sans la moindre amphétamine. Mais aussi celle de supplanter pour la première fois le rival voisin avec ses propres armes. Liverpool dort, Manchester se réveille de son mauvais trip. Pendant que Blue Monday continue d’affoler les compteurs et les boîtes de nuit, les stone roses nous apprennent l’innocence. Leur musique irradie toute la ville par son savant mélange de simplicité et de psychédélisme : des morceaux au cœur de pierre adoucis par une pop aussi légère que brillante ; une utilisation de synthés qui ne les font pas sombrer dans le kitch ambiant des années 80 ; les derniers solos de l’histoire du rock diront certains. En bref, une prouesse servie à une ville qui peine à dépasser la contestation punk.

Et puis un beau jour le feu s’éteint aussi vite qu’il ne s’était embrasé. Depuis plus rien ou presque… Il y a bien eu l’euphorie provoquée par les débuts d’Oasis. La gueule de bois n’en a été que plus douloureuse. Il ne reste guère que le football et la rivalité éternelle avec Liverpool pour distraire cette jeunesse désabusée. Dommage, on y avait cru.


mercredi 4 novembre 2009

Visage




Visage est le film le plus important qu’il m’ait été donné de voir. Voilà, faites en ce que vous voulez.
Dernier jour du festival de Cannes 2009. Lors de la projection tapis rouge du film, Tsai Ming Liang, son réalisateur, est hué, la moitié de la salle sur le départ, avec l'air outré de circonstance. L’auteur, lui, lève les bras au ciel, montre sa fierté à ceux qui l’applaudissent. Il sait que, quelques temps auparavant, tout le monde aurait parlé de son film, qu’il aurait pu changer l’histoire du cinéma. Mais le temps de l’Avventura est loin et aujourd’hui, nous sommes tous à attendre une révolution d’un navet en relief.
Visage est bouleversant parce qu’il est au cinéma ce qu’un monochrome de Klein, ou qu’une toile de Rothko sont à la peinture. Tout dans ce film semble tendre vers un non-être, chaque image un bond vers la non représentation. Nous voyons tant d’images, nous recevons tant de messages qu’un film en plus n’est rien, une distraction de plus sur la liste. Tsai Ming Liang sait cela, le représente à l’écran et nous défie.
Visage est bouleversant parce qu’il est traversé par le souvenir de François Truffaut ; le souvenir de celui qui vivait pour et parle cinéma.
Tsai Ming Liang a le génie et la bonté de Truffaut. Il a fait un film qui nous rappelle qu’on a le droit de se battre pour une oeuvre.

Visage sort aujourd’hui. Vous pouvez enlever vos lunettes 3D.