mercredi 4 novembre 2009

Visage




Visage est le film le plus important qu’il m’ait été donné de voir. Voilà, faites en ce que vous voulez.
Dernier jour du festival de Cannes 2009. Lors de la projection tapis rouge du film, Tsai Ming Liang, son réalisateur, est hué, la moitié de la salle sur le départ, avec l'air outré de circonstance. L’auteur, lui, lève les bras au ciel, montre sa fierté à ceux qui l’applaudissent. Il sait que, quelques temps auparavant, tout le monde aurait parlé de son film, qu’il aurait pu changer l’histoire du cinéma. Mais le temps de l’Avventura est loin et aujourd’hui, nous sommes tous à attendre une révolution d’un navet en relief.
Visage est bouleversant parce qu’il est au cinéma ce qu’un monochrome de Klein, ou qu’une toile de Rothko sont à la peinture. Tout dans ce film semble tendre vers un non-être, chaque image un bond vers la non représentation. Nous voyons tant d’images, nous recevons tant de messages qu’un film en plus n’est rien, une distraction de plus sur la liste. Tsai Ming Liang sait cela, le représente à l’écran et nous défie.
Visage est bouleversant parce qu’il est traversé par le souvenir de François Truffaut ; le souvenir de celui qui vivait pour et parle cinéma.
Tsai Ming Liang a le génie et la bonté de Truffaut. Il a fait un film qui nous rappelle qu’on a le droit de se battre pour une oeuvre.

Visage sort aujourd’hui. Vous pouvez enlever vos lunettes 3D.

1 commentaire:

  1. nous sommes tous à attendre une révolution d’un navet en relief. Mais euh!

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